Île excepti.
Profitez de la nature, de la culture et de l’histoire de la population locale d’Agonvè.
Le village d’Agonvè, situé à Zagnanado dans le Département du Zou au Bénin. D’une superficie de 1 km², elle est une véritable curiosité située à 180 km de Cotonou. C’est un endroit unique en son genre. Il est divisé en deux hameaux, Houéli et Azili, ce dernier étant entouré par les eaux du lac du même nom dans une zone marécageuse. Pour s’y rendre, il faut prendre un bateau. Étroitement liés au lac Azili, les habitants vivent de la pêche et de l’agriculture.
D’une superficie de 300 hectares, la forêt marécageuse d’Agonvè est localisée entre 7°15’ et 7°20’ de latitude Nord et 2°20’ et 2°30’ de longitude Est. Le fonctionnement écologique de la forêt est sous le contrôle du régime hydrologique du lac Azili et multitude de rivières qui relient le lac au fleuve Ouémé. Le rythme pluviométrique est bimodal avec une hauteur moyenne de pluie de 1041,76 mm/an.
La forêt marécageuse d’Agonvè et ses terroirs connexes regorgent de nombreuses espèces ligneuses utilisées par les populations riveraines
Dans l’ancien village d’Aguéhouédo, aujourd’hui connu sous le nom d’Agonvè, se trouve le lac Azili, dont l’origine est inscrite dans une légende aussi profonde que ses eaux. Le nom originel du village, Aguéhouédo, signifiait « terre émergée entourée de trous poissonneux », témoignant d’une époque où les villageois vivaient au rythme des cycles naturels, creusant des fosses pour piéger les poissons lors du retrait des eaux.
L’histoire prend un tournant décisif lors d’une saison sèche particulièrement difficile. Un lépreux, rejeté de toutes les communautés environnantes, trouve refuge à Aguéhouédo. Contrairement aux autres villages, le chef local l’accueille avec bienveillance et hospitalité. Au moment de son départ, le lépreux révèle sa véritable nature : il n’était pas un simple voyageur, mais un émissaire de Gbè, la Nature elle-même. En reconnaissance de cette générosité, il prononce une prophétie : « Ce n’est pas un simple lépreux que tu as aidé, mais la Nature elle-même. En récompense de ta compassion, ton peuple ne connaîtra plus jamais la soif, et le poisson sera abondant. Votre seul devoir sera de respecter les dons de la nature. »
Peu après, les eaux montèrent, transformant progressivement le village en une île lacustre. Cette transformation soudaine, d’abord source d’inquiétude, puis de réjouissance imprudente, causa plusieurs tragédies. C’est alors que le Chef, guidé par la sagesse du Fa, comprit la véritable nature de ces eaux : elles n’étaient pas ordinaires, mais sacrées. Le lépreux était en réalité un envoyé des divinités d’un lac côtier nommé Azili, situé près de Ouidah, à environ 150 kilomètres de là. En reconnaissance de cette origine divine, le nouveau lac fut baptisé Azili.
Pour préserver l’harmonie avec ces eaux sacrées, des règles strictes furent établies :
Cette sacralisation du lac Azili transcende la simple conservation environnementale. Elle témoigne d’une profonde compréhension écologique des anciens, qui, à travers ces interdits rituels, ont établi un système sophistiqué de gestion durable des ressources. En élevant le lac au statut divin, la communauté d’Agonvè a créé un cadre culturel assurant sa préservation pour les générations futures, démontrant une remarquable symbiose entre croyances traditionnelles et conservation environnementale.